Partage et mutualisation de données : lexique, auto-diagnostic et retour sur l’expérience de Montréal

Pour redynamiser son centre-ville, la ville de Montréal a misé sur la culture, en s’appuyant sur son Quartier des spectacles qui rassemble plusieurs équipements, publics et privés. Dans leur chemin vers leur transition numérique, les établissements culturels regroupés au sein du PQDS (Partenariat du Quartier Des Spectacles – Montréal) ont lancé en 2017 une expérimentation originale : le partage des données de leurs publics, pour améliorer et développer l’offre culturelle.

L’entité Synapse C a été crée pour porter ce projet et déployer des solutions de mutualisation de données. Synapse C publie d’ailleurs une documentation à ce sujet, simple et bien faite, à destination des professionnels de la culture : pour mieux comprendre, faire un état des lieux interne et identifier les initiatives en cours.

Résultat de cette mutualisation de données entre théâtres ?

9 millions de données sont finalement récoltées et structurées dans une base de données par des data analystes, qui peuvent alors les interroger sous tous les angles, et faire émerger au niveau du territoire les tendances de fréquentation culturelle que chaque organisme ne serait pas capable d’obtenir individuellement : d’où viennent les spectateurs de la danse, ou du théâtre ? Quels quartiers de Montréal sont peu représentés ? Comment les visiteurs, canadiens ou étrangers, consomment la culture ?

« On a fourni environ 350 prismes d’analyse, détaille Viêt Cao, gestionnaire et analyste principal chez Synapse C. On peut proposer des analyses des fréquentations par mois ou par jour, par type de spectacle, gratuit ou payant, en géolocalisant l’origine des visiteurs… » A partir des informations obtenues, les acteurs culturels peuvent ajuster leurs offres, par exemple en observant les taux d’occupation des équipements : « on a pu observer que selon les activités, le nombre de spectacles qui peuvent coexister n’est pas le même : dans certains secteurs, le taux d’occupation ne baisse qu’au dixième spectacle se déroulant en même temps, alors que c’est à partir de deux spectacles seulement pour la danse par exemple », ajoute Viêt Cao. Sur ces bases, il ne reste plus aux professionnels qu’à se coordonner pour ne pas s’affaiblir inutilement.

Autre expérience probante conduite par l’équipe de Synapse C : examiner, avec le théâtre du Nouveau Monde, si la politique tarifaire du théâtre pouvait être plus performante, en différenciant le prix des places selon leur « niveau de désirabilité », en fonction des dates et heures de mise en vente et d’achat. Certaines places ont ainsi été vendues plus chères, permettant de dégager des moyens pour proposer des places à tarifs très préférentiels vers des publics qui se rendent peu au théâtre.

« On n’est pas encore sur des données ouvertes, reconnaît Eric Lefèvre, mais sur des données mutualisées et partagées. Si nous étions partis sur des données ouvertes, cela n’aurait pas marché, les acteurs n’auraient pas suivi ».

Extrait de l’article « A Montréal, la Culture s’ouvre aux données » publié dans La Gazette des Communes en avril 2019.

Laisser un commentaire