Organisée à l’Avant Seine / Théâtre de Colombes le 22 mai 2014, la 3e rencontre du TMNlab a réuni une vingtaine de personnes autour du thème « Sensibiliser l’institution théâtrale à l’innovation numérique dans les métiers non artistiques », dans une forme que nous avons voulue nouvelle. La Rencontre a débuté par une conférence pour se poursuivre par un moment de brainstorming collectif.
Voici le compte-rendu de cette soirée de travail en quatre parties : Partie 1 : Les participants / Partie 2 : Des pistes pour favoriser l’innovation professionnelle / Partie 3 : Discuter pour construire et défendre un projet / Partie 4 : Aller plus loin / des initiatives à découvrir
Nous avons invité Grégoire Jeanmonod, journaliste passionné d’histoire de l’art, pour une conférence inédite. Par son travail, il nous montre comment aborder les mécanismes de la créativité en s’inspirant de celle des grands peintres de l’Histoire. Certains artistes ont joué un grand rôle à leur époque sans pour autant s’inscrire dans la mémoire commune, d’autres sont identifiés comme révolutionnaires, anticonformistes, singuliers, novateurs. Comment appliquer ces postures de créativité à nos métiers aujourd’hui ? Comment générer de la nouveauté pour faire avancer nos disciplines ? Quelles postures d’artistes pourraient être utiles à notre activité aujourd’hui ?
Ce que nous avons retenu
Il faut de l’audace pour briser les conventions.
DARE (OSER en Anglais) fut le mot-trame de la conférence.
D comme Détourner
« Les bons artistes copient, les grands artistes volent. » Pablo Picasso
Une idée nouvelle résulte d’un système de recyclage et d’hybridation de concepts déjà existants. Grégoire Jeanmonod souligne ainsi que nous portons tous en nous ce potentiel créatif : il suffit d’associer des idées entre elles, n’importe lesquelles, les envisager, ne pas les rejeter a priori.
Notre éducation nous contraint à classer les éléments par case et les déclasser nous dérange. Pourtant c’est bien le croisement de disciplines variées qui a permis à Léonard de Vinci de faire progresser la réflexion dans tous ces domaines, en faisant tomber les cloisons entre les champs de connaissances.
ex : Le sfumato (La Joconde) est une de ses innovations techniques picturales inspirée par ses découvertes scientifiques sur l’air : il tentait alors de rendre visible cette présence par une certaine épaisseur de l’air.
Tout comme Salvador Dali, il ne faut pas hésiter à laisser vagabonder son esprit : le lâcher prise est créatif et permet des associations d’idées inattendues. On remarquera que les moments Eureka surviennent rarement au bureau, face à notre ordinateur ou notre téléphone portable, mais dans des moments totalement insolites.
Audace et curiosité sont les clés de la réussite!
A comme s’Allier
L’avènement des grandes villes dans l’histoire de l’humanité est concomitante avec les premières grandes inventions telles que la roue, l’écriture ou encore le pain !
Ces lieux de vie en collectivité favorisent la mise en commun des idées.
Partager nos connaissances et nos idées c’est décupler leur potentiel créatif, c’est un moyen de mettre en place une intelligence collective. La différence est un réel atout lorsqu’elle est envisagée en termes de complémentarité, or aujourd’hui c’est bien les mécanismes de compétition qui domine le monde de l’entreprise et du travail. C’est bien souvent la rivalité en interne qui fait le plus mal.
Comment travailler ensemble ? Partager nos connaissances et nos idées, c’est décupler notre potentiel créatif !
Les lieux informels, de passage, bruyants, tel que la cafétéria, la machine à café, etc. permettent des échanges plus libres et donc plus créatifs potentiellement car c’est aussi là que l’influence de la hiérarchie et des conventions y est la moins forte.
Nos différences sont un atout à condition de penser en terme de complémentarité.
R comme Réagir (aux imprévus, aux contraintes)
La contrainte est souvent un facteur de stress or l’innovation vient souvent de la contrainte. Elle nous pousse vers des chemins détournés et permet de choisir de ne pas subir mais bien au contraire de réagir.
“Itinéraire bis” : notre chemin personnel nous permet de détourner la contrainte. Nécéssite une certaine mobilité mentale.
Là encore de nombreux grands peintres illustrent ces propos.
Les grandes inventions sont souvent issues d’erreur (ex. la pénicilline). Laisser place à l’erreur, c’est s’ouvrir au potentiel créatif de l’imprévu.
E comme Endurer (la politique de l’échec)
Un projet ambitieux ne se réalise jamais du jour au lendemain. Il faut être tenace et se réjouir de chaque petite conquête afin de continuer. Ce sont ces petites satisfactions qui nous font tenir. La nouveauté menace de bouleverser des statu quo auxquels nous-mêmes faisons partie. La critique comme forme de rejet, les doutes et les échecs font partie du chemin.
« Tout recul de volonté est une parcelle de substance perdue » Berthe Morisot. Femme artiste du monde bourgeois dans un des siècles les plus misogynes de l’Histoire, elle a tenu bon et petit à petit a atteint son objectif : peindre, être reconnue comme artiste par ses pairs masculins et pouvoir vendre ses œuvres pour vivre.
Mais de quoi avons-nous peur au juste ? C’est notre propre regard sur notre travail face à l’échec que nous risquons bien souvent. Or l’échec ne doit jamais être une fin en soi. Edison, avant de pouvoir trouver comment allumer une lampe à incandescence, a “échoué” plus de 10 000 fois. C’est une façon de voir les choses, lui disait plutôt qu’il avait découvert 10 000 manières de ne pas allumer une lampe.
Un échec n’est jamais une bonne nouvelle mais c’est toujours un gage d’expérience, d’autant plus si l’on prend le temps de s’intéresser au pourquoi. On apprend plus de nos échecs que de nos succès.
Ne rien rater, c’est ne rien essayer !
Biographie de Grégoire Jeanmonod
Journaliste de télévision et de presse écrite depuis plus de douze ans, Grégoire Jeanmonod a fait des beaux-arts son sujet de prédilection en collaborant régulièrement avec des publications telles que Arts Magazine ou Géo Art. Après avoir publié le livre 10 tableaux et leur époque (2011, Éditions Defursen), où il analyse dix chefs d’œuvre de la peinture à la lumière du contexte historique qui les a vus naître, il prépare actuellement un second ouvrage sur le thème de la créativité étudiée à travers le prisme des pratiques artistiques. Parallèlement à ses activités de journaliste, Grégoire Jeanmonod intervient régulièrement en milieu hospitalier afin de transmettre son enthousiasme et sa passion pour l’art aux patients et aux professionnels de santé. Il crée 47ème rue, du nom de a rue où se trouvait la Factory d’Andy Warhol, pour mettre l’art au service de nos projets professionnels. Pour que nous puissions tous, dirigeants, employés, managers, faire en sorte que l’entreprise soit le lieu de la créativité, de l’inspiration, de l’épanouissement et de la concorde. Pour le bien de l’individu comme pour la santé de l’entreprise.
La conférence présentée : CHANGER… Le regard des grands peintres au service de l’entreprise
Conférence participative sur le thème de la créativité et de l’innovation.
Comment certains grands peintres, de Léonard de Vinci à Pablo Picasso, ont-ils réussi à générer de nouvelles manières, personnelles et singulières, de peindre leur époque ? Dans quelle mesure ces postures de créativité peuvent-elles trouver aujourd’hui des applications concrètes dans l’entreprise ? Cette conférence délivre des conseils pragmatiques pour développer notre créativité, tant sur le plan individuel qu’au niveau collectif et managérial.
Durée: 1h20
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