« TMNLab ou la communauté des théâtres connectés » Aude Mathey

Un peu plus tôt cette semaine, nous avons abordé la communauté Muzeonum, représentant les museogeeks – ces fous de musées connectés. Cette fois-ci, c’est au tour de nous intéresser à un nouvelle communauté plus récente mais en pleine expansion : TMNLab. Pour en savoir plus, nous avons interviewé Anne Le Gall, Directrice de la communication et du développement de l’Avant-Scène / Théâtre de Colombes et initiatrice des TMNLab.

De quel(s) constat(s) êtes-vous partie quand vous avez souhaité lancer TMNlab?

La question de l’impact du numérique sur nos pratiques de communication, de relations avec les publics, de médiation m’anime depuis longtemps. En 10 ans j’ai pu faire le constat du dynamisme de nombreux professionnels sur les questions d’innovations et de numériques mais aussi de leur isolement. J’ai senti des envies, des idées, de la curiosité, des blocages aussi (historiques, managériaux, manque d’information, à priori…).

Je ne trouvais pas de sources d’informations sur les usages numériques propres au spectacle vivant. Des guides, des témoignages, des rencontres, des conférences… existent mais pour d’autres secteurs, soit très éloignés (hors culture) soit plus proches mais ayant des problématiques de publics et des historiques finalement très différents (je pense notamment aux musées, aux bibliothèques, au secteur de la musique…).

Il n’existait pas non plus de référencement clair et exhaustif des initiatives et expériences menées en médiations numériques dans les théâtres. On parle toujours des mêmes lieux, avec l’impression qu’il ne se passe pas grand chose ailleurs. Je manquais d’un panorama exhaustif qui permettrait l’échange de bonnes pratiques et l’éclosion de nouvelles expérimentations.

Le TMNlab veut répondre à tout ça.

Est-ce que l’apparition d’une sphère de “museogeeks” de plus en plus active a stimulé la création d’une communauté de théâtrogeeks ?

La sphère Museogeeks, à travers le rassemblement Muzeonum fondé par Omer Pesquer, m’a d’abord permis de rencontrer des Theatrogeeks et notamment un des cofondateurs du TMNlab, Sébastien Daniel. Et oui, notre association s’inspire en partie de cette sphère. D’ailleurs, nous continuons à participer à leur rencontre car l’échange inter-secteur est nécessaire. J’espère prochainement co-organiser un événement avec eux.

Le site est sous forme de wiki. Y a-t-il néanmoins une certaine modération / relecture des articles ? Les membres doivent-ils être approuvés par TMNlab ?

Le site est sous WordPress et les membres peuvent librement s’inscrire et publier.

Nous devons structurer un comité éditorial. Nous avons pour l’instant établi des gabarits et nous nous réservons le droit de dépublier des articles qui ne respecteraient pas la charte de publication (qualité, neutralité, pertinence). Le fonctionnement évoluera en fonction de l’usage qu’en feront les membres.

Notre vocation est de créer un réseau de professionnels et d’aspirants professionnels des théâtres. Il est important de rester centré sur notre champ de travail. Actuellement, quelques membres ne sont pas professionnels de théâtres mais ils sont marginaux – et toute personne voulant participer au travail sur les théâtres est la bienvenue, en tant que membres et aux événements. Si on voit qu’on a plus de personnes hors théâtre que en théâtre, nous envisagerons une restriction à l’inscription, mais je pense que ça s’autorégulera.

De quelle façon constituez-vous votre réseau ? Allez-vous à des événements ? Faîtes-vous du bouche à oreille ?

Pour le moment bouche-à-oreille et réseaux sociaux (principalement Twitter). La plateforme et la newsletter permettent d’entretenir ce réseau. Nous attendons quelques semaines encore (structuration des prochains événements et amélioration/enrichissement de la plateforme) pour engager des actions plus importantes d’élargissement du réseau.

A quelle fréquence se tiennent les TMNlab ? (le premier a eu lieu au mois de février, c’est cela ?)

En effet le premier rendez vous a eu lieu le 4 février. Nous partons sur le principe de rendez vous à minima bimestriels propres au TMNlab (rencontres mais aussi conférence, ateliers…). Et parallèlement le TMNlab pourra être présents lors d’événements organisés par d’autres structures/entités.

Nous organisons une nouvelle rencontre en avril et une conférence en juin.
Nous travaillons sur un projet de journée TMNlab en septembre.

Avez-vous vocation à rassembler les théâtrogeeks de toute la France ?

Oui, absolument. Cette initiative n’a de sens pour moi que si elle analyse la réalité des théâtres aujourd’hui. Et cette réalité ne s’arrête pas à Paris ou sa proche banlieue. Nous voulons créer une dynamique nationale, ça n’en sera que plus fécond.
D’où viennent vos membres majoritairement ?

Actuellement j’ai repéré des membres (inscrits sur TMNlab.com) venant de théâtres de Paris, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Basse-Normandie, Bas-Rhin, Vaucluse, Finistère… A la première rencontre parisienne, une personne avait fait le déplacement depuis la Basse-Normandie, sinon nous étions francilien.

Nous avons pour objectif d’élargir l’audience des événements : mise en place de réseaux d’hébergement pour les rencontres à Paris, diffusion en direct (avec dispositif interactif) ou en différé des conférences, organisation de rencontres en région, etc.

Disposez-vous d’un budget pour TMNlab ? Faîtes-vous appel à des contributions ?

C’est une discussion qui est en cours.

J’ai pris jusqu’à aujourd’hui les dépenses en charge personnellement. Nous travaillons à la création d’une association avec adhésion qui nous permettrait d’avoir un fond de roulement (frais du site, matériel et divers pour les événements, fabrication de quelques supports de communication…).

Photo : Les danceurs de ballet australiens twittent leurs derniers mouvements Photo: Roger Cummins